Îles Egade
Géographie, nature, et histoire
Les îles Egade
Allongées à quelques kilomètres au large des côtes de Trapani (ouest de la Sicile), telles des baleines géantes partiellement immergées, les trois îles Égades ont beaucoup de charme et de diversité à apporter.
Avec une population permanente d'environ 5 000 personnes réparties sur les trois îles, les Égades sont fières de leur long passé et n'ont pratiquement pas changé au fil des ans. Il est encore possible de trouver des baies et des criques isolées, des sentiers de montagne déserts et un rythme de vie extrêmement relaxant.
Les îles ont été un haut-lieu historique, notamment en 241 avant JC, lorsque la première guerre punique prit fin ici. Catulus vainquit la flotte carthaginoise à cet endroit, et un traité par lequel la Sicile était remise à l'Empire romain fut signé.
Cependant, l'histoire remonte encore bien plus loin en arrière. Sur Favignana (la plus grande et la plus peuplée des îles) comme sur Levanzo (la plus petite), on peut voir des peintures rupestres paléolithiques et néolithiques. La plus célèbre d'entre elles, est la « Grotta del Genovese » sur Levanzo. Découverts seulement en 1949, ces incisions et graffiti faits de charbon de bois et de graisses animales, montrent des scènes de la vie quotidienne, relatant notamment la pêche au thon, l'élevage et même la danse.
En 1874, les îles ont été achetées par la puissante famille Florio dont les intérêts commerciaux comprenaient l'extraction de soufre, la pêche au thon et bien sûr le vin de Marsala. Encore aujourd'hui, les Égades abritent la plus grande pêcherie de thon de toute la Sicile et des milliers de gens se pressent ici chaque année pour regarder l'abattage traditionnel du thon, La Mattanza.
Favignana, ou La Farfalla, comme elle est souvent appelée ici en raison de sa forme de papillon, est la plus grande et la plus importante des îles. Elle se trouve à environ 16 kilomètes de la côte de Trapani et constitue une destination touristique populaire durant les mois d'été, en grande partie grâce à ses eaux cristallines bleu azur dans des baies telles que Cala Rossa.
La ville principale, également connue sous le nom de Favignana, comporte un petit port et est dominée par le Fort de Santa Caterina ; celui-ci fut construit à l'origine par les Arabes comme tour de guet, fut ensuite agrandi par les Normands, et enfin utilisé comme prison par les rois Bourbons. Avec ses deux piazzas principales et ses maisons basses méditerranéennes, la ville est assez jolie. Elle abrite également deux bâtiments qui témoignent de l'influence de la famille Florio : le Palazzo Florio, construit en 1876 aux abords du port, et la grande charpente abandonnée de la pêche au thon de Florio.
Mais ce que la plupart des gens viennent chercher ici, ce sont ses eaux cristallines qui offrent d'excellentes possibilités de baignade et de plongée sous-marine, en particulier dans les grottes sous-marines de Grotta Azzurra, Grotta dei Sospiri (sospiri signifiant « soupirs », il est dit que la grotte gémit pendant l’hiver), et dans la Grotta degli Innamorati (la Grotte des amoureux).
Levanzo est la plus petite des Égades, mais n'en est pas moins accueillante pour autant. Elle est très vallonnée, même si son point culminant, le « Pizzo dei Monaco », ne s'élève qu'à 278 m. Une grande partie de la côte est constituée de falaises rocheuses spectaculaires, mais elle comporte aussi quelques plages magnifiques. Tout est réduit au minimum : 1 village (Cala Dogana), 1 route, 2 magasins, 2 hôtels et 2 restaurants. Le calme et la tranquillité sont assurés.
Marettimo est la plus isolée des îles Égades, située à 24 kilomètres de la côte de Trapani. À ce titre, elle est particulièrement bien préservée, à la fois au niveau de sa vie marine et de son arrière-pays montagneux et accidenté. De spectaculaires falaises de calcaire plongent dans la mer bleu cobalt, des panoramas sans fin abondent, et les chemins de montagne se prêtent à la marche.
Le petit village de Marettimo abrite quelques restaurants servant un poisson frais. Certains pêcheurs locaux se font un plaisir d´accompagner les visiteurs dans une excursion en bateau autour de l'île, pour voir ses nombreuses grottes dont l'une, la Grotta del Cammello, accueille une plage de galets et les vestiges d'une colonie romaine.
Il est très facile de se rendre dans les îles Égades. Il suffit d´emprunter l'un des fréquents hydroglisseurs depuis Trapani ou Marsala.
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Marettimo
A 37 km de la côte trapanaise, Marettimo est la plus éloignée des îles Egades, et la plus montagneuse.
L’histoire de l’île est constituée, comme celle de toute la zone, de dominations de peuples différents qui s’alternent les uns les autres. Anciennement appelée Hiera, elle prend aujourd’hui le nom des deux éléments qui la composent: la mer et le thym, métaphore de la montagne.
Marettimo a son plus haut sommet au Monte Falcone, qui culmine à 686 mètres, au sommet duquel la vue est spectaculaire. Dans les jours de ciel clair, on peut voir la côte de l'Afrique, l'île de Pantelleria, Marsala et Palerme.
Les côtes de l'île de Marettimo sont plein de grottes accessibles seulement par voie maritime. Les plus importants sont la grotte du Chameau, la grotte de Tonnerre, et la grotte marine Perciata. La Grotte de la Nativité, toute en calcaire, a permis la formation de stalactites et stalagmites qui ont été érodées par la mer et du vent. Le nom de cette grotte est dû aux formes des stalactites, qui ressemblent aux personnages d'une crèche de la nativité.
Marettimo
A Marettimo, il ne faut pas manquer de déguster une brioche accompagnée de Granita aux mûres, une spécialité locale.
Levanzo
Levanzo est une toute petite île couverte de collines, et bordées de côtes rocheuses.
Les maisons toutes simples de ses 200 habitants s'accrochent au pied d'un amphithéâtre de pics gris, striés de taches de verdure qui se prolongent en vagues de garrigues.
Un sentier côtier face au soleil serpente jusqu'à la cala Minolla, une crique aux eaux émeraude.
Plus à l'ouest, la cala Tramontana fait miroiter sa piscine naturelle, avec des roches rougeoyantes.
Levanzo
Dans certaines grottes comme la Genovese, on trouve des graffitis de l'époque néolithique.
En 241 avant JC, les Romains conquirent ces îles et s'en rendirent maîtres après l'ultime bataille navale de la première guerre punique, au cours de laquelle la flotte de Carthage fût vaincue.
Après la chute de l'empire romain, les îles tombèrent aux mains des Vandales et des Goths puis des Sarrasins. En 1081, les îles furent occupées et fortifiées par les Normands. Par la suite, elles connurent le même destin que la Sicile jusqu'au 16ème siècle, quand elles devinrent la propriété des Pallavicini-Rusconi de Gênes, puis des Florio en 1874.
Les plats caractéristiques des Egades sont à base de couscous et de spécialités liées à la pêche, l'espadon grillé et le lattume (spécialité sicilienne et sarde) de thon frit. Le thon à l'huile d'olive, la Bottarga et le thon salé, sont mis en conserve.
L'histoire des Marettimari qui sont partis pêcher en Alaska
A la fin du XIXème siècle, la vie sur Marettimo était difficile. En vérité, il en avait toujours été ainsi, mais les habitants de l'île la plus éloignée et la plus isolée de l'archipel des Égades, étaient proches de la famine.
Personne ne semble se souvenir exactement comment cela s'est passé ni qui a été le premier, mais au début du XXème siècle, un petit groupe d'habitants de l'île décidèrent qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de quitter Marettimo et de tenter leur chance ailleurs. Cependant, ils ne se rendirent pas seulement à Palerme, et ne choisirent pas non plus le nord de l'Italie... Au lieu de cela, ils parcoururent près de 9 000 km pour se rendre dans les déserts glacés d'Alaska.
Là-bas, de l'autre côté du monde, dans un environnement qui ne pouvait guère être plus différent de leur île méditerranéenne ensoleillée, les aventuriers de Marettimo allaient bientôt mettre leur expertise en matière de pêche à bon escient, dans les estuaires et les rivières riches en saumon de l'état le plus au nord des États-Unis.
Le village de Marettimo sut bientôt que bien que le travail fut dur et le climat inhospitalier, mais ils faisaient de l'argent en Alaska. Les pères envoyèrent leurs fils et les oncles leurs neveux et bientôt une grande partie de la population masculine de l'île avaient mis leurs hameçons en bandoulière pour les jeter dans les eaux lointaines. Les femmes et les enfants restèrent en grande partie sur Marettimo, et alimentèrent le feu de leur foyer grâce au bois acheté avec l'argent que leurs hommes éloignés renvoyaient chez eux.
Mais la saison de la pêche au saumon en Alaska était courte, dure et rémunératrice dans une certaine mesure seulement. Les Siciliens, frigorifiés, se dirigèrent vers le sud en vue de climats plus chauds, et se fixèrent (là encore, personne ne se souvient tout à fait comment ni pourquoi) à Monterey, en Californie. Au cours du XXème siècle, des familles entières arrivèrent de Marettimo à la recherche d'une vie meilleure. Ils pêchaient le bar, le thon et le calmar géant dans l'immensité du Pacifique, pendant la plus grande partie de l'année, mais ne manquèrent jamais leur rendez-vous de 2 mois avec le saumon d'Alaska.
Bientôt, la population de Marettimari en Californie éclipsa même celle de Marettimo. De plus en plus d'argent était renvoyé au pays, permettant à ceux qui étaient restés de construire de confortables maisons et de financer de petites entreprises. En effet, le village de Marettimo que nous voyons aujourd'hui, avec ses bateaux de pêche qui s'agitent au port, a été en grande partie construit et acheté avec de l'argent « américain ».
Le flux migratoire n'était pas à sens unique, cependant. Peter, 65 ans, dont les parents quittèrent Marettimo quand il avait dix ans, revint sur son île natale après plus de 50 ans de vie américaine. Son fils resta à Monterey, mais sa fille quant à elle, tomba amoureuse d'un jeune homme de Marettimare et revint, avec armes et bagages, vers la patrie de ses grands-parents. Malgré l'excellente qualité de vie, les avantages financiers et le confort californien de Monterey, l'histoire de Peter n'est pas rare et une partie importante de la population de l'île est aujourd'hui composée de ces « Américains ». Certains arrivent juste à temps pour mourir, d'autres passent toutes leurs années de retraite là-bas, profitant de la vie tranquille de leur maison spirituelle, de la pêche (parce qu'ils ne peuvent jamais renoncer à cela !) et rattrapent le temps perdu.
Encore aujourd'hui, beaucoup de Marettimari, comme Franco « Il Pirata », propriétaire d'un des restaurants de l'île, font le déplacement vers l'Alaska depuis leur domicile méditerranéen lors de la saison de la pêche au saumon. Leur voyage n'est pas entièrement motivé par le gain financier cependant : en faisant un voyage en partie comme des pêcheurs et en partie comme des pèlerins, ils assurent la poursuite de la tradition et rendent hommage à leurs ancêtres qui ont tant sacrifié pour maintenir Marettimo en vie.
Favignana
Favignana est l’île qui se trouve juste en face de Trapani. Elle fait partie de l’archipel Egadi, également appelé les îles Egades. L’île est la plus grande de l’archipel et celle qui compte le plus d’habitants (environ 4 000).
L’île tire son nom du vent chaud Favonio qui vient de l’ouest et rend le climat particulièrement doux. Autrefois elle était appelée Aegusa, en raison de sa forme de papillon. Elle ne mesure que 14 km ², mais offre de belles plages de sable fin (Lido Burrone, Cala Azzurra, Cala grande et Cala rotonda), de pittoresques petites criques aux eaux limpides le long de la côte rocheuse, et une belle montagne de 314 mètres d’altitude, le Monte Santa Caterina. Le tour de l’île ne fait que 33km, les routes sont plates et il est agréable de s’y promener en bicyclette.
La ville de Favignana s’articule autour du port, qui entretient les liens avec le continent et les autres îles de l’archipel. En ville, on trouve plusieurs restaurants et cafés. Pendant les mois chauds de l’été, l’île est très fréquentée par les Siciliens en vacances. Certains y ont leur résidence d’été, tandis que d’autres y viennent juste pour la journée lorsque le temps est beau pour profiter des belles plages.
L’île est habitée depuis l’époque phénicienne, moment de la fondation de la ville. Puis ce furent les Normands à conquérir et fortifier l’île au XIè siècle : le fort Forte San Giacomo abrite aujourd’hui une prison. Le Forte Santa Caterina se trouve au sommet du mont.
La Tonnara de Favignana, lieu de capture et de traitement du thon, est l’une des rares survivantes en Italie. Elle est encore active. Chaque année en mai, des touristes viennent assister au spectacle de la mattanza (abattage) du thon. Cet évènement est de moins en moins renouvelé par manque de thon.
Favignana